Les erreurs naissent souvent de certitudes
Le 2 mai 2011, le Bloc Québécois
fut victime d’un raz de marée orange…
Pourquoi avons-nous perdu ce jour-là? Parce que Jack Layton était
meilleur? Parce que notre discours souverainiste des dernières années tirait un
peu trop vers la gauche ressemblant à une copie de l’original canadien? Parce
que nous avons évacué la question identitaire vue comme suspecte?
Un retour sur les causes de notre défaite et un examen de conscience
s’avèrent encore nécessaires même aujourd’hui, tels que le proposait le Forum
Jeunesse du Bloc Québécois en septembre 2011.
Aurions-nous pu prévenir la catastrophe?
Probablement, si nous avions suivi les conseils de la Vice-présidente nationale
du parti, Mme Hélène Alarie. En 2006, Mme Alarie rédige un rapport interne
dont la mission tentait d’expliquer ce que plusieurs souverainistes appellent
le « mystère » de Québec.
Ce texte de 30 pages, dévastateur au titre évocateur « Ni mystère,
ni énigme », portait un constat sévère sur la gouvernance du parti. Ce
papier d'une grande franchise renferme des explications au sujet de l’effondrement
de nos troupes dans la grande région de Québec et dans celle de Chaudière-Appalaches
durant l’élection générale du 25 janvier 2006. Finalement, l’auteure conclut
son propos en avançant certaines pistes de solutions et en mettant en garde la
direction du Bloc Québécois qu’elle souffrait entre autres de la « montréalisation ».
Pendant cette enquête, les
candidats et députés défaits ainsi que plusieurs membres travaillant aux
élections confessaient que la direction du parti négligeait les régions à l’extérieur
de Montréal. Ils dénonçaient un manque de ressources et de considération de la
permanence concentrée à Ottawa et à Montréal, et ce, au cœur de la campagne
électorale. Pourtant, c’est là-bas que se retrouve l’électorat francophone et
nationaliste. D’après eux, la population de Québec percevait le discours du
Bloc Québécois très loin de leurs préoccupations et des enjeux locaux. En
outre, les Québécois de la Capitale nationale et des environs ne se sentaient
guère touchés par la vision d’un Québec ouvert et dénationalisé que nous proposions
alors, étant donné qu’un grand nombre d’entre eux demeure plus traditionnel. Ils
déploraient notamment le balayage idéologique trop vers la gauche et les
valeurs progressives, en particulier à propos des questions d’ordre moral. La
politique apparait bien souvent comme une affaire de perception et d’apparence.
Pourquoi ressortir sur ce rapport vieux de 8 ans? Eh bien, parce qu’il
s’agit d’un sage avertissement presque prémonitoire. Cette missive pouvait
présager du danger d’utiliser la même stratégie bloquiste anti-Harper avec l’image
du Québec social-démocrate comme à la dernière élection. Entre Stephen et Jack
ou Duceppe, le peuple a choisi le sympathique moustachu premier ministrable. Le
2 mai 2011 constitue évidemment un dur coup porté au mouvement souverainiste et
à ses partisans. Peut-être qu’avoir tenu pour acquis le monde des régions reste
l’une de nos pires erreurs…
Pouvons-nous remonter la pente et retourner le balancier dans le bon sens?
Plusieurs militants patriotes au sein du Bloc pensent que oui, c’est possible.
Et ce, même si la peur de perdre tenaille plusieurs des nôtres et que certaines
personnes se sont enfuies abandonnant notre navire amiral pour celui de
l’ennemi en espérant s’assurer une victoire facile aux prochaines élections.
Il est normal d’avoir peur de se battre contre plus fort que soi. Toutefois,
c’est avec courage que nous devons affronter l’adversité. Seuls, une action
bien coordonnée avec un plan bien planifié et un discours renouvelé peuvent
faire la différence. Nous devons simplement changer nos façons de faire,
innover, mieux s’organiser, sortir des sentiers battus et travailler en équipe sans
relâche vers les buts que nous nous sommes tous fixés. Aussi, tous les membres et
sympathisants sont invités à participer à la prochaine course à la chefferie
qui se termine au Congrès national à la fin du mois de mai en particulier les
jeunes.
Même si plusieurs spéculent que le Bloc Québécois est un parti inutile,
un parti de pépères, un parti dépassé ou encore un parti d’apparatchiks… Nous
savons au fond que ce n’est pas vrai, car nous sommes encore là, nous la grande
majorité des militants du Bloc. Nous croyons toujours au parti, surtout depuis
son rajeunissement actuel. Il reste nécessaire dans notre lutte nationale pour
l’indépendance. Nous demeurons conscients par contre que la tâche sera ardue,
mais pas impossible…
La conjoncture doit rapidement s’inverser en mettant en place un plan de
match reflétant les intérêts du Québec et de ses citoyens. L’Histoire du monde
nous réserve parfois des surprises. Pensez simplement à la chute du Mur de
Berlin en 1989. Personne, au début des années 1980, n’aurait prédit un tel
évènement sans qu’il ne soit traité de fou. La grande leçon de l’histoire,
c’est qu’il faut toujours garder espoir et ne jamais abandonner ses rêves de
liberté…
Commençons par décentraliser le Bloc Québécois. Autrement dit, nous devrions
créer un réseau d’antennes nationales, car les enjeux de Montréal ne sont pas nécessairement
ceux de la population du reste du Québec. Notre but vise à additionner et à multiplier
nos appuis plutôt que de les soustraire et les diviser. La seule position que
le Bloc Québécois doit défendre demeure toujours la même, celle de l’intérêt
national. Nous allons donc respecter la décision de notre Assemblée nationale. Or,
si la loi est adoptée, nous exigerons le respect de celle-ci pour les
fonctionnaires fédéraux travaillant en territoire québécois comme nous l’avions
fait pour la Charte de la langue française. Pour nous, les indépendantistes, le
véritable enjeu politique pour le nouveau Bloc Québécois, c’est surveiller les
intérêts du Québec, avancer la cause indépendantiste, informer les Canadiens de
notre but et préparer notre peuple à la fondation d’un pays prospère,
solidaire, responsable, libre et indépendant.
Ainsi, en établissant une première antenne à
Québec et plus tard vers d’autres régions, nous devrions mieux répondre aux
diverses préoccupations de tous nos concitoyens du pays. Il nous apparait
essentiel d’apprendre de nos erreurs passées pour ne pas les répéter. Le
respect, ça se mérite, si nous voulons regagner la confiance des Québécoises et
des Québécois pour le prochain rendez-vous électoral et reprendre ce qui nous appartient.
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